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Le règne du tsar Nicolas II (1894 – 1917)

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Nicolas II est le dernier tsar pour la Russie. Poursuivant les rêves de modernisation économique de son père, il ne parvient pas à juguler l'agitation sociale et politique, qui s'aggrave au gré des déboires de la politique étrangère russe.
Nicolas II est le dernier tsar pour la Russie. Poursuivant les rêves de modernisation économique de son père, il ne parvient pas à juguler l’agitation sociale et politique, qui s’aggrave au gré des déboires de la politique étrangère russe.

A la mort d’Alexandre III, Nicolas II est marié avec Alix de Hesse-Darmstadt, petite fille préférée de la reine Victoria mais qui est une femme très superstitieuse et rigide. Comme un oiseau de mauvais augure, lors du couronnement de celle-ci, une bousculade se produit dans la foule provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes qui sont piétinées. Au lieu d’annuler les cérémonies officielles, il n’ose se décommander au bal du comte de Montebello, l’ambassadeur français. Le peuple se sent abandonné de son tsar, un homme autoritaire, traumatisé par l’agonie de son grand-père, Alexandre II, à laquelle il a assisté. Il se considère comme un tsar malchanceux, sentiment renforcé quand il apprend que son unique fils, Alexis, est hémophile !

Pourtant, le début du règne s’ouvre sous les auspices de la modernisation économique, en particulier sous le gouvernement Witte (1894-1903). Le ministre se fixe 3 objectifs : stabiliser le rouble, développer les voies de communication avec le transsibérien et s’assurer des débouchés commerciaux en Extrême Orient, où la Grande-Bretagne et le Japon sont déjà. Il poursuit sa politique entamée sous Alexandre III d’industrialisation et bénéficie des capitaux extérieurs provenant de France. L’économie est fortement dépendante de ces capitaux et la récession européenne de 1899 à 1903 met à mal le modèle russe, donc les industries naissantes, ce qui participe de l’agitation ouvrière dans les villes. Ce développement de l’industrie diminue le poids de la paysannerie. Sous l’effet des mauvaises récoltes de 1897-1898 et de 1901, qui donneront lieu à de grandes famines,  Witte remarque que la consommation de vodka des paysans augmente : il en fait un monopole d’Etat qui représentera près de 25% des revenus de l’Etat en 1905 !

Malgré ce climat social tendu, le traumatisme provient de la politique étrangère : dans leur lutte d’influence pour mettre la main sur la Corée, le Japon attaque en premier à Port-Arthur la flotte russe. La guerre russo-japonaise fait rage et, en 1905, l’infanterie russe est battue à la bataille de Moukden et la flotte dans le détroit de Tsushima. La Russie doit signer la paix : elle cède la moitié de Sakhaline mais surtout, elle reconnaît les intérêts du Japon dans la région. Au mécontentement social s’ajoute une crise nationale.

C’est dans ce contexte qu’éclate la Révolution de 1905. En janvier 1905, la police ouvre le feu sur une immense manifestation ouvrière, faisant près de mille morts. C’est le « Dimanche rouge » : les ouvriers fondent les soviets (comités, groupes) et des partis politiques se créent. L’agitation continue et en février, l’oncle du tsar est assassiné. Le tsar signe deux manifestes en août et en octobre pour apaiser les revendications politiques : il annonce la création d’une nouvelle assemblée, la Douma, renforce les libertés publiques, met en place un suffrage universel. Pour la première fois en Russie, la réforme politique vient du peuple !

Après l’éviction de Witte, Stolypine arrive au pouvoir en 1906 : travaillant main dans la main avec la Douma, il donne la propriété de la terre aux paysans, développe l’éducation, modernise l’armée. Mais les socialistes-révolutionnaires sont très actifs : ils l’assassinent à l’opéra de Kiev en 1911, devant le tsar. Dès lors, les drames personnels se multiplient pour Nicolas II : le remplaçant de Stolypine, Kokovtiev, est pris dans un scandale de corruption en 1913 ;  pis encore, l’hémophilie de son fils s’aggrave et il cède aux délires de sa femme en faisant appel auprès de lui à un guérisseur fantasque mais très charismatique et influent, Raspoutine.

Mais ce qui le préoccupe, c’est la marche à la guerre dans les Balkans : en 1912, la Russie, la Serbie et la Grèce affrontent l’Empire ottoman ; en 1913, la Serbie, soutenue par la Russie, affronte l’Empire ottoman et la Bulgarie. L’Autriche renforce ses revendications sur la région dont les russes veulent être les protecteurs. Ainsi, le 28 juin 1914, l’assassinat de François-Ferdinand, précipite la Russie dans la guerre.

Cette Première guerre mondiale sera un désastre pour le régime tsariste pour deux grandes raisons : d’une part puisque la défaite militaire depuis Tannenberg en 1915 ruine les restes de légitimité du régime ; d’autre part, Lénine, depuis le début de la guerre, dit que la défaite servira la Révolution : il va donc tout faire pour la perdre. En particulier, il bénéficie du soutien de l’Allemagne pour les bolchéviks. C’est un espion d’origine estonienne, Kesküla, qui sert d’agent de liaison.

Le 23 février 1917, lors de la journée des femmes, le peuple manifeste et les  troupes sympathisent avec la foule. Nicolas II dissout la Douma qui refuse : un comité provisoire s’installe derrière le prince Lvov. Parallèlement, les soviets se multiplient et s’expriment. Le train de Nicolas II est intercepté : il est forcé à abdiquer au profit de son fils qui ne pouvant pas régner se rétracte au profit du grand-duc Michel. Ce dernier refuse voulant une Assemblée constituante : la Russie n’a plus de souverain.

La fin est tristement connue : lorsque les soviets prennent définitivement le pouvoir en octobre 1917, le tsar et sa famille demeurent prisonniers d’un régime neuf et fragile. La multiplication des gouvernements provisoires et l’instabilité du pays font craindre à Lénine que le peuple rappelle son tsar : il décide de l’achever, sa famille et lui, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

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